Le Dalai Lama enseigne « Pourquoi le bouddhisme ? »
Regardons autour de nous ce monde que l’on appelle « civilisé » et qui depuis plus de 2000 ans a cherché à obtenir le bonheur et à éviter la souffrance ; il l’a fait par de faux moyens ; par la tromperie, la corruption, la haine, l’abus du pouvoir et l’exploitation des êtres. Il n’a cherché qu’un bonheur individuel et matériel, en opposant les individus aux uns aux autres, les races les unes aux autres, les systèmes sociaux les uns aux autres ; il a abouti à une période de peur, de souffrance, de meurtre, de famine. Si en Inde, en Afrique et dans d’autres pays la misère et la famine peuvent régner, ce n’est pas que les richesses naturelles manquent, ce n’est pas que les moyens d’amener un bien-être durable fassent défaut. Mais chacun a cherché son propre profit sans crainte d’opprimer les autres pour ce but égoiste, et ce triste et pitoyable monde en est résulté. La racine de cette civilisation est pourrie, le monde souffre et, s’il continue dans cette voie, il souffrira de plus en plus.
Certaines personnes possédant un bagage intellectuel et culturel important et pensant certainement avoir l’esprit large, croient que le Dharma est sans utilité, ou qu’il est bon pour ceux qui vivent dans des régions frustes et isolées.
Mais qu’est-ce que le Dharma ? Ce n’est évidemment pas porter un costume spécial, construire des monastères et s’adonner à des rites compliqués… Ceci peut accompagner la pratique du Dharma, mais n’est, en aucune façon, le Dharma. La vraie pratique du Dharma est intérieure ; c’est un esprit paisible, ouvert et généreux, un esprit que l’on a su dompter, qui est complètement controlé.
Si même l’on pouvait réciter par coeur tout le Tripitaka, mais qu’on soit égoiste et qu’on fasse du mal aux autres, on ne pratiquerait pas le Dharma.
La pratique du Dharma est celle qui permet d’être vrai, fidèle, honnête, humble…, d’aider et de respecter les autres et de se sacrifier pour eux. Chercher à accumuler des posséssions ou à obtenir un meilleur niveau social n’amènera ni confiance ni paix. Devant les puissants de ce monde, certaines gens s’inclinent bien bas, les flattent de leur mieux, mais derrière eux ils les critiquent et les méprisent. Ceux qui excitent l’envie n’ont souvent pas de tranquilité d’esprit et sont inquiets et tourmentés à l’idée de perdre ce qu’ils ont pu acquérir au prix de difficultés. Lorque nous mourrons nous devrons tout laisser derrière nous, même les plus solides placements bancaires qui nous auront donné tant de soucis. Nous devrons aussi laisser nos parents, nos amis. Si notre vie n’a pas été honnête nous pourrons en ressentir un grand repentir, mais nous ne pourrons en tout cas pas profiter du « fruit » de notre malhonnêteté. Nous devrons laisser notre corps. Mon corps aussi, celui de Tenzin Gyatso, je devrai le laisser, et ma robe de moine que je n’ai jamais quittée, même pour une seule nuit ; donc nous laisserons tout, et si nos seules posséssions ont été matérielles et égoistes nos derniers moments seront troublés par l’inquiétude et la tristesse.
Discipliner son esprit, renoncer au superflu, vivre en harmonie avec les autres et avec soi-même nous assurera le bonheur, même si notre vie quotidienne est médiocre, même si nous tombons dans la misère, car nous aurons été bons et bienveillants et les autres nous aideront : nous ne devons pas oublier que dans l’être humain le plus perverti et le plus cruel, tant qu’il est un être humain, existe une petite graine d’amour et de compassion qui fera de lui, un jour, un Bouddha.
Maintenant nous devons penser aussi à notre vie prochaine. La loi du karma n’est pas aisée à comprendre, non plus que la réincarnation. Mais si nous analysons très profondément les données de l’existence, avec un esprit honnête et sans parti pris, nous les comprendrons. Et nous nous en réfererons aussi aux enseignements du Bouddha qui a affirmé la réincarnation. Tout ce qui arrive individuellement ou collectivement, arrive par la loi du karma. Le bon chemin que nous aurons suivi donnera ses fruits pour la vie suivante, l’effort que nous aurons fourni permettra d’obtenir un esprit noble et pur. (…) Dharma équivaut à noblesse, et c’est pourquoi, si quelqu’un rejette le Dharma, c’est qu’il n’en comprend pas le sens. Le Dharma est la seule possibilité d’obtenir le bonheur.
Extrait de l’enseignement donné par Sa Sainteté le Dalai-Lama sur le Chemin du Bodhisattva.