LE COURAGE


Qu’est-ce que le courage ? L’enthousiasme pour le bien.
Quels en sont les adversaires ?
La paresse, l’attachement au mal,
Le découragement et le mépris de soi.

La paresse naît du goût des plaisirs,
De l’indolence et du sommeil,
Comme du manque d’aversion
Pour les souffrances du samsâra.

Comment, pris au piège des émotions négatives
Et empêtré dans le filet des renaissances,
Ne me suis-je pas encore rendu compte
Que je me suis jeté dans la gueule du seigneur de la mort ?

Ne le vois-tu pas tuer tous tes compagnons
Les uns après les autres ?
Cependant, tu t’abandonnes au sommeil
Comme un buffle aux côtés de son boucher.

Le sage a enseigné que l’aspiration était la cause
De tout ce qui relève du bien.
Or l’aspiration a elle-même pour cause
La constante méditation sur le fruit des actes.

Les souffrances physiques et mentales,
Les peurs les plus variées
Et l’insatisfaction des désirs :
Voilà ce qui émerge des actes négatifs.

En faisant le bien selon mes pensées,
Où que je me rende,
Le fruit de ce mérite
M’honorera de ses bienfaits.

Mon orgueil doit porter sur trois choses :
L’action, les émotions négatives et l’efficience.
L’orgueil d’agir consiste
A se promettre de réussir par soi-même.

Asservis par leurs émotions négatives, les êtres ordinaires
Ne sont pas en mesure d’œuvrer à leur propre bien.
Puisqu’ils n’ont pas le même pouvoir que moi,
C’est moi qui agirai pour eux.

Quand les autres s’adonnent à de viles tâches,
Comment puis-je rester sans rien faire ?
Mais je ne dois pas agir avec suffisance !
Il vaut mieux que je n’aie pas d’orgueil.

S’il se trouve que les forces me manquent,
J’abandonnerai pour reprendre plus tard.
Et lorsque j’aurai fini un travail, je m’en détacherai
Avec le désir d’en accomplir un autre, et un autre encore.

Chaque fois que je commettrai une faute,
Je la réprouverai en pensant longuement
Que, désormais, quoi qu’il m’en coûte,
Elle ne se reproduira plus.

Avec le désir de cultiver l’attention
Dans toutes ces circonstances,
J’aspirerai à rencontrer (un maître)
Ou à procéder comme il convient.

Avant d’entreprendre une action
Et pour avoir la force de l’accomplir toute,
Je me rappellerai les conseils sur l’application
Et agirai le coeur léger.

Comme le coton entraîné
Par le vent qui va et vient,
Entraîné par la joie,
J’accomplirai mon dessein.

Extraits de « La marche vers l’éveil » – Shantideva (vers 685-763)

 

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